mardi 21 septembre 2010

Une conférence commanditée




4000 acteurs et 2000 votants pour une conférence commanditée

La conférence nationale commanditée par la HAT et organisée par une partie de la société civile a pris des décisions à fort caractère politique. Des participants largement favorables à l’autorité de fait ont entériné par vote à main levée des sujets cruciaux. L’autorité de fait vient de faire table rase de toutes les bases de la démocratie, soi-disant pour en bâtir une nouvelle sur fond de populisme.

Qui sont ces gens qui ont été réunis au Centre de conférence internationale et qui ont décidé de l’avenir du pays. Pour la présidente du parti/association TGV, « on a réuni tous les malgaches, issus des districts et des régions, des personnes qui ont des idées divergentes ». Le parti au pouvoir qui a gagné comme seule et unique élection les municipales à Antananarivo est logiquement le plus représenté. Les comités TGV ont dominé largement la conférence nationale, renforcés par des partisans venus comme représentants des districts.

Pour assurer une majorité dans cette assemblée du peuple, le pouvoir en place a-t-il gonflé artificiellement le nombre de participants. Ce n’est pas la première fois que l’autorité de fait des pieds et des mains pour avoir une affluence au centre de conférence international d’Ivato. Le nombre de participants devait faire croire que la réunion est consensuelle et inclusive. Même si la stratégie n’a pas du tout convaincu, elle est toujours utilisée. D’autant que des votes à main levée décident des résolutions de la conférence nationale.

Le nombre de participants est donc passé de 2000 à 4000. Si les 2000 supplémentaires ont pesé sur les débats, il n’est pas acquis qu’ils ne font pas partie des 2000 autres qui avaient le droit de vote. La manipulation était flagrante quand on passait au moment du vote. D’abord, la formulation de la question avec une forme interro-négative était ouvertement partisane. La majorité des comités TGV et des partisans de la HAT parmi les votants ne laissait entrevoir une surprise quant au résultat.

L’autorité de fait et le parti TGV peuvent se réjouir des résolutions de leur conférence nationale. Andry Rajoelina est intouchable à la tête de l’autorité de transition. La Constitution est adaptée à son âge afin qu’il puisse présenter. Enlever l’âge minimum requis pour être présidentiable aurait été politiquement correcte. La conférence a choisi de le rabaisser à 35 ans parce que le jeune Rajoelina n’a pas 40 ans mais 36.

Marc Ravalomanana et les autres prisonniers politiques de 2009-2010 ne bénéficieront pas de l’amnistie. La résolution d’une amnistie sélective est acceptable quand on définit les crimes et délits qui ne sont pas éligibles. Sur ce point, la HAT et le TGV ont déjà réussi à obtenir une condamnation contre le président Ravalomanana. L’ennemi à abattre n’est pas un seul homme mais une force politique qui risque de gêner une prise de pouvoir avec des moyens démocratiques.

Ainsi, l’amnistie sélective de la HAT-TGV se limite aux actes commis entre 2002 et 2008. C’est donc les leaders TIM et les anciens hauts responsables condamnés par la HAT qui seront rayés de la carte politique. Cette limitation de date nuit à la crédibilité de l’amnistie de la HAT, d’autant que la loi sera adoptée par ordonnance par l’hyper chef de l’autorité Andry Rajoelina sans attendre la mise en place d’une assemblée nationale. Les parlementaires désignés de la transition bis n’auront pas ce pouvoir.

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